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Le salaire minimum augmentera de 0,35$ par heure: «C’est largement insuffisant»


L’augmentation de 0,35$ par heure du salaire minimum qui entrera en vigueur le 1er mai est nettement insuffisante aux yeux du chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) Guillaume Tremblay-Boily.

En entrevue à LCN, ce dernier déplore que le montant proposé par Québec soit en deçà de l’inflation.

«C’est largement insuffisant, martèle-t-il. L’augmentation de 0,35$ qui nous est proposée par le gouvernement, ça correspond à une hausse de 2,22%, alors qu’on sait qu’en 2024, l’inflation a été de 2,3%.»

«Ça correspond en réalité à un appauvrissement, à une baisse du pouvoir d’achat pour les travailleurs et les travailleuses au salaire minimum», ajoute-t-il.

Cela signifie donc que l’écart se creuse avec le revenu viable calculé chaque année par l’IRIS.

«[Cet indicateur] correspond à un niveau de vie modeste, mais décent, explique l’expert. On calculait qu’à Montréal, le revenu viable en 2024 était d’environ 38 500$. Pour atteindre ce montant, il faut environ 27$ de l’heure, à 35 heures par semaine toute l’année.»

«À 16,10$, on est vraiment en dessous du revenu viable, renchérit-il. Ça nous amène un peu au-dessus du seuil de pauvreté officiel au Canada, mais une personne juste au-dessus n’est pas non plus à l’abri d’un coup dur.»

Le gouvernement indique de son côté que cette augmentation est «équilibrée» et qu’elle respecte la capacité de payer des entreprises tout en permettant aux travailleurs de maintenir leur pouvoir d’achat.

Cependant, selon M. Tremblay-Boily, une hausse importante du salaire minimum aurait peu d’impact sur les entreprises.

«C’est quelque chose qu’on entend souvent […] mais pour les entreprises, les coûts de main-d’œuvre, c’est seulement une partie des coûts de production, mentionne-t-il. Il y a aussi les intrants, l’immobilier, etc.»

«Une hausse du salaire ne se répercute pas directement en hausse de prix, continue-t-il. En 2023, on avait fait une étude à l’IRIS qui avait démontré que, même si on augmentait la rémunération hebdomadaire moyenne de tous les salariés au Québec de 7,3% en un an, ça aurait un impact sur les prix de 1,6% en trois ans.»

Les augmentations du salaire minimum sont d’ailleurs souvent réinvesties dans l’économie locale, étant donné qu’elles permettent à ceux qui en bénéficient de se procurer des biens essentiels, fait remarquer le chercheur.

«Une hausse importante et rapide du salaire minimum permettrait vraiment à beaucoup de gens de sortir de la pauvreté, affirme-t-il. Ensuite, on pourrait envisager des mécanismes d’indexation automatique pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’appauvrissement chaque année.»

Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.

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