(Saskatoon, Edmonton) Il y a eu une minute de silence, une prière, puis un discours sobre du chef libéral, Mark Carney. Le marché public de Saskatoon a été le théâtre d’une scène atypique pour une campagne électorale, dans la foulée de l’attaque à la voiture-bélier de Vancouver, dimanche. Mais un peu plus à l’ouest, du côté d’Edmonton, l’accueil a été tout sauf sobre.
La dernière virée de la caravane libérale a été chamboulée par la tragédie qui a frappé le festival Lapu Lapu. Au lieu de donner le coup d’envoi à cette dernière journée de campagne avec un évènement à Hamilton, en Ontario, le premier ministre sortant l’a amorcée en exprimant sa tristesse et ses condoléances.

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Mark Carney était de passage à Saskatoon dimanche.
Son avion a mis le cap vers la Saskatchewan avec plusieurs heures de retard, alors que son équipe tentait de réorganiser les activités de la journée. On a d’abord fait une croix sur les deux grands rassemblements du jour, qui devaient se tenir à Calgary, puis à Richmond.
À la place de fouetter ses troupes à la veille du scrutin, Mark Carney rejoindra le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, à Vancouver, en compagnie de leaders de la communauté philippine, a indiqué l’équipe de campagne du chef.
Entre les deux, il y a eu un arrêt à Saskatoon, où plusieurs dizaines de militants étaient réunis depuis environ deux heures dans un marché public. Après un appel au recueillement du candidat de Saskatoon–University, Greg Poetzer, une aînée de la communauté métisse, Nora Cummings, a enchaîné avec une prière.
« Je vous demande, Créateur, de bénir tout le monde, leurs familles, leurs êtres chers […] et de continuer à veiller sur chacun de nous », a-t-elle exprimé. « Amen », ont répondu certaines personnes massées dans le marché intérieur de producteurs.
L’ambiance solennelle a tenu pendant la majeure partie du discours livré par Mark Carney, dont le ton était à l’avenant. À son arrivée sur scène, le chef libéral a remercié les militants de leur patience, et il a offert ses condoléances à la communauté philippine.

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Les libéraux espèrent une percée à Saskatoon, mais c’est loin d’être gagné, selon le site d’agrégation de sondages 338Canada.
« Mes pensées, et celles de tout le monde dans cette pièce et de tout le monde à travers le pays, vont aux amis et aux familles des personnes affectées, a-t-il déclaré. C’est une perte terrible pour la communauté philippine tissée extrêmement serré […] et pour les Canadiens. »
Tricotant autour du thème de la solidarité, il est revenu à son thème de prédilection, c’est-à-dire l’impératif de se tenir debout face aux États-Unis. « Tout le monde a la tête basse. Le Canada, lui, serre les coudes », a-t-il réagi lorsqu’un homme a crié « Elbows up ! ».
Les applaudissements ont été moins tonitruants que dans les autres rassemblements. La campagne libérale a informé les journalistes que les partisans avaient été encouragés à « adopter une approche et un ton respectueux tout au long de la journée ».
« Nous détestions la taxe carbone »
Après s’être posé à Saskatoon pour une visite éclair, l’avion libéral a effectué une escale à Edmonton, afin de prêter main-forte à la campagne de l’ancien maire de la capitale albertaine Amarjeet Sohi, qui tente un retour sur la scène politique fédérale – il a été ministre au sein du gouvernement Trudeau.

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Dans le local de campagne, l’ambiance était électrisante. La foule a réservé un accueil électrisant à « son » chef libéral, qui a passé son enfance à Edmonton.
Et dans le local de campagne, l’ambiance était électrisante. La foule a réservé un accueil électrisant à « son » chef libéral, qui a passé son enfance à Edmonton. Il n’y avait ici guère de sécessionnistes albertains, à en juger par les huées qui fusaient à chaque mention de Donald Trump ou des États-Unis.
« Le sentiment d’aliénation de l’Ouest, c’est quelque chose qui est moussé quand l’Alberta est dirigée par des premiers ministres conservateurs », argue Tracey Zilkie, qui a fait une heure de route en compagnie de son fils pour entendre Mark Carney.
Elle est ravie de la disparition de la taxe carbone. « Nous détestions la taxe carbone, lance sans détour celle qui était jadis d’allégeance progressiste-conservatrice. En même temps, nous comprenions qu’il y avait des raisons environnementales derrière ça. »
À l’issue de son allocution partisane, Mark Carney est allé saluer la foule massée à l’extérieur. Installé dans la boîte d’une camionnette, vêtu d’un chandail des Oilers d’Edmonton sous son veston, il a souligné la présence de Blaine Aucoin.

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Blaine Aucoin et sa femme, Trudey, sont venus écouter Mark Carney à Edmonton
Son ami de l’école secondaire n’est pas peu fier de voir le chemin parcouru par l’ancien banquier central, avec qui il a aussi joué au hockey. « C’est un gars authentique. Quand on lui parle, on a l’impression d’être la seule personne dans la pièce », a-t-il raconté aux côtés de sa femme, Trudey.
Espoirs de sièges dans l’Ouest
À l’élection de 2021, le Parti libéral du Canada a fait élire deux députés en Alberta, sur un total de 34 sièges : un à Edmonton (Randy Boissonnault) et l’autre à Calgary (George Chahal). L’équipe Carney espère que la récolte sera meilleure ce lundi.
Les résultats ont été encore pires en Saskatchewan : la province n’a envoyé aucun député libéral à la Chambre des communes. Les 14 sièges de la province sont tous occupés par des conservateurs. Les libéraux espèrent une percée à Saskatoon, mais c’est loin d’être gagné, selon le site d’agrégation de sondages 338Canada.

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La Saskatchewan n’a envoyé aucun député libéral à la Chambre des communes en 2021.
Le dernier arrêt de cette dernière journée de campagne devait être à Victoria, en Colombie-Britannique, où le chef libéral était il y a quelques jours à peine. Le retour à Ottawa s’effectuera de nuit, comme l’avait fait Justin Trudeau en 2015, 2019 et 2021.